J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015
Entre deux Soleils
Un vertige-vestige avertisseur

Sortie de Lit ...


PETITE FILLE ET POUPEE HUILE SUR BOIS

EVARISTO  Petite fille à la poupée


 

 



Une femme aidait notre mère fatiguée par toute sa marmaille, car nous étions nombreux ,et d'âges rapprochés à la maison. Cette femme  m’a raconté longtemps et souvent,  que je passais des heures à rêvasser sur mon lit, avec des papiers, des crayons, des ciseaux, de la colle blanche compacte au goût d'amande,  que je creusais avec sa minuscule pelle ( Le luxe !). C'était sans doute ma façon , entre 6 et 12 ans,de m'extraire du monde, des bagarres de frangins, des injonctions au ménage ou aux courses ( Aller chercher les gros pains, faire la queue à la boucherie dans les odeurs troublantes de viande fraîche et sanguinolente, entrevoir les couteaux et les frigos aux bruits d’épaisses portes de prison...). J'aimais lire, dessiner et écrire... J'aime toujours ... Je ne sais  à quel moment, je suis sortie de mon lit pour affronter le reste du monde... Plus tard, le lit des pensions a été un exil... La guitare et les chansons de Brassens,  furent un moyen de partir dans les mots et la passion du langage... Les cours de français m'ennuyaient, je préférais les vraies personnes, leur comportement m'intriguait... J'avais envie de comprendre... Alors je les ai observées, j'ai fait ma vie... la remplissant d'amour, d'enfants, d'un métier, d'amitiés, de très peu d'ennui ( C'est une chance...) , j'ai lu , beaucoup, dès que j'ai pu, et chaque fois que je le peux encore... Mais maintenant j'écris... Pas pour des livres encore... Des livres on en "fabrique" trop... Et pourtant ils sont utiles pour comprendre et pour se donner du désir, du plaisir, au moins à soi, et aussi à quelques autres... Il paraît que c'est très courant chez les femmes qui ont dépassé l'âge de la procréation... Et pour les hommes ce serait pour laisser une progéniture de papier (et maintenant numérique) à la postérité... On nous dit des choses troublantes parfois...

Les affirmations de ce genre ne sont pas toutes complètement fausses. Le néant nous taraude tous et toutes à des degrés divers...

J'ai entendu une expression dans une conférence il y a quelques temps : c'était "la fabrique des idées" ... Le thème était proposé à J.B PONTALIS, invité à parler de "son oeuvre"... Lui, un peu moqueur, l'a récusée d'emblée... Il a parlé du hasard, des rencontres, de la polysémie des mots, de leur usage "rêvant", de la nécessité où il était de ne jamais en finir avec la construction de la relation de "l'un à l'autre"... La pensée n'est pas pour lui intellectuelle, elle est matérielle, émotionnelle et sensuelle... Cela n'est pas indispensable de la rendre inintelligible sous le vocabulaire savant (et pourtant il est co-auteur d'un dictionnaire de la psychanalyse...). Les mots sont des morceaux de rêve... Des morceaux de désir... Des osselets qui sont les restes lisses de toutes les idées légères que nous tentons de projeter en l'air et qui retombent parfois dans nos paumes mentales, pour alimenter nos acrobaties joueuses...

 

12-04-2006 

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